L’ataxie telangiectasie

Combien de personnes sont atteintes par l’ataxie telangiectasie ?

L’ataxie télangiectasie touche environ un enfant pour 100 000 avec des extrêmes de 1 pour 40 000 à 1 pour 300 000 selon les publications.

Quand surviennent les premiers symptômes de l’ataxie telangiectasie ?

La maladie débute habituellement chez les enfants vers l’âge de 1 à 2 ans. Elle atteint les personnes des deux sexes quelle que soit leur origine géographique.

Qu’est-ce que l’AT et quelle est son origine?

L’ataxie télangiectasie (AT), aussi appelée syndrome de Louis-Bar, est une maladie rare, neurodégénérative et immunodépressive. Il s’agit d’une maladie héréditaire qui affecte de nombreuses parties du corps et qui provoque de graves incapacités. L’ataxie se définit par un manque de coordination des mouvements et les télangiectasies sont des vaisseaux sanguins visibles en particulier dans le blanc des yeux.

Le gène responsable de cette maladie est appelé gène ATM et se situe sur le chromosome 11. On ne connait sa structure que depuis 1995. Plus de 1000 anomalies (càd mutations) différentes sont connues pour ce gène, ce qui rend les recherches pour d’éventuel traitement assez difficiles d’autant que ces mutations peuvent survenir dans toutes les régions du gène concerné; il n’y a pas de localisation particulière On peut tout de même aussi remarquer quelques mutations plus présentes dans certaines populations ce qui permet parfois d’orienter la recherche en fonction de l’origine géographique du malade. La plupart de ces mutations entraine une absence de production de la protéine ATM et de ce fait, celle-ci n’existe pas chez le malade. Or, cette protéine intervient dans le contrôle de la réparation des cassures survenant sur l’ADN, support de l’information génétique.  L’absence de la protéine chez les enfants malades empêche donc l’arrêt du cycle cellulaire en cas d’altération de l’ADN et par conséquent, entraîne la persistance de cassures chromosomiques et un excès de mort cellulaire à l’origine d’un vieillissement précoce.

Quels sont les signes et symptômes de la maladie ?

Les manifestations de l’ataxie télangiectasie sont très variées. La maladie touche le système nerveux, la peau et le système immunitaire, ce qui, a pour conséquence un risque plus élevé d’infections et de cancers.

Tout d’abord, l’atteinte du système nerveux est liée à une atteinte du cervelet (ataxie cérébelleuse). Le cervelet est un organe situé dans la boîte crânienne, en dessous des hémisphères cérébraux. Il est indispensable à l’équilibre et à la coordination des mouvements. Les troubles de l’équilibre sont une des premières manifestations. Ils apparaissent progressivement alors que l’enfant avait acquis une marche normale et sont associés à des mouvements anormaux de la tête. Ces troubles apparaissent lentement entre l’âge de 2 et 4 ans. Les progrès moteurs de l’enfant, avec augmentation de son adresse, tendent à masquer la progression de l’ataxie. Après l’âge de 5 ans, la progression de l’ataxie redevient visible et les enfants ont souvent besoin d’un fauteuil roulant vers l’âge de 10 à 11 ans, même s’ils conservent une bonne force musculaire. L’évolution de l’ataxie est toutefois variable d’un enfant à l’autre y compris les enfants atteints au sein d’une même famille. Les troubles de la prononciation et des mouvements oculaires surviennent assez précocement. La mauvaise coordination des mouvements et le tremblement des extrémités apparaissent progressivement chez certains enfants à partir de l’âge de 9-10 ans. Cela entraîne même une gêne pour écrire. De grands mouvements anormaux (choréoathétose) sont assez fréquents. Tous ces troubles s’aggravent progressivement et les adolescents ont souvent besoin d’une aide pour s’habiller, manger et se laver. Dans la plupart des cas, l’intelligence est normale bien que les troubles moteurs et de l’élocution gênent les malades lors des épreuves d’évaluation du quotient intellectuel. De nombreux malades peuvent suivre des études. Cependant, environ 30 % des malades ont des difficultés d’apprentissage ou une déficience intellectuelle modérée.

Aussi, les signes cutanés se manifestent par la dilatation des petits vaisseaux périphériques (télangiectasies) qui sont une des manifestations courantes de la maladie après les manifestations neurologiques. Ces télangiectasies apparaissent vers l’âge de 3 à 6 ans, parfois même à l’adolescence, donc un peu plus tardivement que les signes neurologiques. Au début, elles sont localisées au niveau du « blanc de l’oeil » sur les conjonctives, puis elles peuvent apparaitre à l’intérieur des oreilles, sur les paupières et au niveau des plis des coudes et des genoux. Quelques signes de vieillissement prématuré peuvent être visibles au niveau des cheveux et de la peau, c’est à dire apparition de cheveux gris, peau du visage amincie (atrophique) ou encore oreilles moins souples…

Ensuite, on peut aussi parler du déficit de l’immunité étant à l’origine d’infections pulmonaires ou sinusites à répétition. Les infections pulmonaires répétées peuvent à la longue abîmer les poumons et être à l’origine de dilatations des bronches (bronchectasies).

On peut remarquer une augmentation relative de la fréquence des cancers par rapport à la population générale. Le risque pour les malades de développer un cancer est en fait estimé entre 10 à 35%. Chez les enfants, il s’agit avant tout de leucémies lymphoblastiques aiguës et de lymphomes alors que chez les adultes, on parlera plutôt de tumeurs solides (cancer de la thyroïde, du sein …).

Pour terminer avec les manifestations de la maladie, on remarque un retard de croissance assez fréquent.

Comment poser un diagnostic?

Le diagnostic clinique de l’ataxie télangiectasie se fait sur base de différentes manifestations tels que les troubles de la marche, des anomalies des mouvements des des yeux, des télangiectasies conjonctivales et des infections pulmonaires à répétition. Cependant, poser un diagnostic peut s’avérer difficile étant donné que tous ces symptômes ne sont pas toujours présents chez le jeune enfant, ceux-ci pouvant se manifester même plus tard.  C’est pourquoi, des examens complémentaires (IRM, ADN et sanguins) sont réalisés. Par exemple, le taux dans le sang d’alphafoetoprotéine (variété de protéine fabriquée, normalement, uniquement pendant la vie foetale) est élevé chez la majorité des malades. Il existe également un déficit en plusieurs types d’immunoglobulines (IgG2, IgG4, IgA et IgE). Le caryotype sanguin (examen des chromosomes à partir d’une prise de sang) met en évidence, dans 5 à 10% des lymphocytes T, divers remaniements chromosomiques concernant les chromosomes 7 et 14.  Enfin, l’analyse du gène permet de confirmer le diagnostic avec certitude si deux mutations sont trouvées. Cependant, l’analyse du gène est difficile et cette confirmation n’est pas toujours possible.

Comment se transmet la maladie?

L’ataxie télangiectasie se transmet selon un mode autosomique récessif. Ce qui signifie que seuls les enfants ayant reçu le gène muté, à la fois de leur père et de leur mère, sont atteints. Ainsi, les personnes atteintes sont porteuses du gène muté en deux exemplaires (elles sont dites homozygotes) alors que chacun des parents n’en est porteur qu’à un seul exemplaire (ils sont dits hétérozygotes). Cette maladie ne touche donc habituellement que des frères et soeurs d’une même famille. La probabilité d’avoir un autre enfant atteint est de 1 sur 4 pour un couple ayant déjà donné naissance à un enfant malade.

Quels sont les traitements existants ?

A ce jour, il n’existe aucun traitement curatif de l’A-T. Il y a des choses qui peuvent améliorer le quotidien du malade comme : la kinésithérapie, la logopédie, l’ergothérapie. La rééducation est essentielle, celle-ci permet de retarder la progression du handicap à tous niveaux: marche, élocution, lecture, écriture, déglutition,…

Cependant, des recherches sont en cours dans certains pays comme les USA, Israël, Hollande.  Nous devons donc continuer à espérer !